À BOIS (17), LE MENUISIER NE MANQUE PAS DE BOULEAU

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L’artisanat fragilisé par la crise sanitaire

L’artisanat est l’un des secteurs les plus affectés par les conséquences de l’épidémie de Covid-19. La plupart des petites et moyennes entreprises saintongeaises ont dû suspendre ou réduire leur activité et un certain nombre redoute la faillite.

C’est le cas de Bertrand, menuisier-charpentier chevronné qui gère seul sa petite société installée à Bois (entre Pons et Mirambeau) depuis 2001. Lui aussi a été contraint de stopper son activité, ce qui représente un manque à gagner très conséquent auquel s’ajoute l’annulation de sa plus grosse commande de l’année.

Une encombrante commande annulée

En janvier dernier, deux couples de Norvégiens qui souhaitaient s’installer dans la région avaient pris contact avec Bertrand. Ils souhaitaient lui confier les travaux de menuiserie de deux maisons ainsi que la fabrication de la majorité des meubles. Prévoyant, Bertrand décide alors de commander 30 m³ de bois de bouleau, essence dont il connaît le succès chez nos amis scandinaves.

Les semaines passent et l’Europe commence à être touchée de plein fouet par le virus. Les premières mesures sont prises et quand notre artisan reçoit enfin le bois qu’il avait commandé, le confinement est annoncé. « Le lendemain mes clients m’ont appelé pour me dire que les projets de maisons étaient compromis et que, compte tenu des circonstances, ils allaient devoir les reconsidérer » nous raconte Bertrand. « A ce moment-là, j’étais désespéré. Je me retrouvais avec du bois à ne plus savoir quoi en faire et j’avais perdu une somme considérable avec cet investissement. » nous explique-t-il.

Un dénouement inattendu

Alors que Bertrand s’agitait autour des billes de bois, mesurant frénétiquement chaque morceau en cherchant une solution, son apprenti, venu à sa rencontre, lui lance : « Si seulement on pouvait revendre tout ça…» . Agacé, son patron rétorque « Avec des scies on coupe du bois, c’est tout ! ».

D’abord sceptique, il ne voit finalement pas d’autre solution et décide de passer une annonce pour tenter de se débarrasser de son stock. Les premiers jours, les clients sont plutôt rares. « Ça n’a pas été facile au début puisque c’est un arbre assez commun. J’ai même entendu dire qu’il suffisait de traverser la rue pour trouver du bouleau. » nous confie-t-il. Finalement, en rabotant ses prix et grâce à un formidable élan de solidarité, la pile de bois avait diminué de moitié à la fin de la première semaine. « J’ai eu des membres d’un club de canoë-kayak qui voulaient construire des embarcations traditionnelles et même un monsieur qui voulait fabriquer de nouveaux tambours pour la fanfare de son village. » se remémore l’artisan boisien avant d’ajouter : « Et ensuite, avec le rafraîchissement de ces derniers jours, les gens sont venus chercher de quoi se chauffer et les quelques m³ restant sont partis rapidement. ».

Bertrand se réjouissait déjà d’avoir récupéré près de la moitié de l’argent investi quand son téléphone se mit à sonner. Au bout du fil, le propriétaire d’un grand château du Médoc souhaitait lui commander plusieurs milliers de caisses en bois pour ranger les bouteilles de vin. Le vent avait enfin tourné pour le menuisier qui venait de trouver de quoi remettre sur pied sa petite entreprise.

Conscient de sa chance il s’exclame, soulagé : « Pour l’instant je touche du bois, pourvu que ça dure. ». Toutefois, avec ce dénouement inespéré, Bertrand a du pin sur la planche.